mardi 7 janvier 2014

Cinq questions à Sylvain Lemay

Jean Siag dans La Presse du 10 décembre 2013.









À quoi reconnaît-on la bédé québécoise?

Je cherche encore. Il y a sans doute la façon nord-américaine de narrer des histoires. Mais fondamentalement, je crois que les gens se reconnaissent dans nos histoires, comme ç'a été le cas avec la télévision dans les années 70 ou avec le cinéma dans les années 90. Red Ketchup se retrouve à Saint-Jean-de-Matha, Rabagliati à Québec, dans mon roman il y a une scène qui se passe au Café les 4 jeudis de Gatineau. C'est parlant pour les gens.

Quels sont les genres privilégiés par vos étudiants?

On encourage tous les genres. On n'impose pas d'école, de sorte qu'il y a une diversité de genres. On le voit dans notre publication annuelle qui regroupe des bédés d'élèves. Il y a des bédés autobiographiques comme Rabagliati, mais aussi des fictions intimes comme Les deuxièmes de Zviane ou French Kiss 1986 de Michel Falardeau. Il y en a qui font de la bédé plus fantaisiste, de la science-fiction, d'autres de l'aventure, du policier.






Comment votre département a-t-il participé à l'essor de la bande dessinée au Québec?

Plusieurs de nos diplômés publient des bandes dessinées, on a aussi créé un pôle de la bande dessinée à Gatineau avec Les rendez-vous de la bande dessinée de Gatineau, la création de la maison d'édition Première ligne fondée par des diplômés de l'École de 2002-2003 - qui a publié une cinquantaine d'ouvrages à ce jour. La création aussi d'une coopérative d'auteurs. Ça bouge beaucoup ici!

La majorité des finissants sont des femmes. Comment expliquez-vous ça?

Oui, de 70 à 80% des finissants sont des femmes. Une tendance qui s'explique en partie par l'arrivée des mangas japonais dans les années 90. Des bédés faites par des femmes avec des personnages féminins. Donc les filles se sont reconnues dans ces aventures-là. Les filles sont aussi peut-être moins réticentes à entreprendre des études en bande dessinée. Et puis, elles sont travaillantes...

Le noir et blanc semble être toujours aussi populaire, comment l'expliquez-vous?

L'absence de couleur est souvent liée à l'absence de moyens. Un album couleur coûte plus cher à produire et va se vendre aussi plus cher. Malgré cette réalité économique, j'ai quand même l'impression que c'est un choix esthétique. La moitié des projets de nos élèves sont en couleurs (la couleur est souvent rajoutée avec Photoshop), mais plusieurs continuent d'explorer les contrastes et l'expressionnisme en noir et blanc, qui sont très riches.

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